FONTAINE BOUQUIÈRE

  • QUOI: FONTAINE BOUQUIÈRE / FONTAINE DES PÉDOUILLETS / font de Bouqueyre / Font de Pedouillet / font de Rua-Boqueria / font de La Rocella / font des Trois-Canelles / font de Las Salineyras / font des Salinières / fontaine de Rue-Begueire / fontaine de Porte-Bouquière / fontayne des Salinières / Fontaine des Fossés / Fontaine des Pontets / Fontaine des Portanets

  • QUI: (?)

  • : Dans l'impasse Bouquière, au n° 52, cours Victor-Hugo.

  • QUAND: Création XIIIe siècle.

  • COMMENT:

> NATURE/CONSTRUCTION: auparavant en 3 différentes fontaines appelées "Les Fontaines de rue la Bouquière", puis ensuite une unique fontaine avec un seul bassin dans lequel s'écoulait l'eau par 3 cannelles. Elle offrait un motif présentant sur une face droite des montants travaillés de refends et soutenant une corniche sur­montée d'un fronton conchoïde, dans le tympan duquel était un encadrement destiné à renforcer une inscription.

> ÉTAT: Détruite, seul existe l'ancien escalier d'accès à la fontaine, non accessible au public sans guide.

  • COMBIEN: 3 exemplaires, transformés par la suite en une seule fontaine.

  • POURQUOI: Alimenter les riverains du quartier en eau potable et permettre aussi de fournir de l'eau aux lavoirs de l'impasse.

  • LOCALISATION

Coordonnées GPS: 44.83581, -0.56873.

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  • CONTEXTE

La Fontaine ne coule plus depuis longtemps et l'emplacement qu'elle occupait n'est pas facile à découvrir. Une porte placée sur les Fossés des murs du rempart du XIIIe siècle (flanqués de tours qui sont encore visibles en partie), à l'est de la porte Bouqueyre, s'ouvrait ainsi sur un escalier composé d'un cinquantaine de marches. Par cet escalier encore en place, on descendait à la source, sortant de terre au fond des douves.

Le ruisseau de la fontaine coulait entre les deux murs du premier accroissement de la ville (entre les maisons de la rue RENIÈRE et celles du cours des FOSSÉS), depuis la porte Bouquière, où il avait sa source, jusqu'à la Garonne. Il se jetait dans la rivière après avoir alimenté plusieurs lavoirs avant de traverser les constructions de la porte de La Rousselle.


  • DÉNOMINATION

"Bouquière" était indifféremment appelée "Bouqueyra", "Bouqueteyre" et "Boucheyre" dans les vieux titres: soit parce qu'on aurait anciennement établi dans cette rue des écuries pour les boucs, soit parce qu'on y vendait des bouquets de fleurs, soit à cause de plusieurs boucheries qu'on y trouvait. Le temps a pu altérer ces noms et former celui de Bouquière que porte actuellement cette rue.

Le nom de "font des Trois Canelles" lui avait été donné parce qu'elle avait trois gros tuyaux ("caneles" ou "caneres", en gascon) qui débitaient continuellement de l'eau.

Elle était aussi appelée la "font de Pédouillet" dans les vieux titres, sans doute parce que, attendu sa situation dans un endroit retiré (10 mètres au-dessous du niveau du cours Victor-Hugo), les mendiants y allaient s'épouiller/débarbouiller. Pédouillet vient de "pedoui", mot gascon signi­fiant « pou, insecte ».

  • DESCRIPTION

On lit dans un mémoire établi le 6 juin 1755 que la fontaine était anciennement l'unique fontaine de la ville, recommandée pour la bonne qualité de ses eaux. Celle-ci réduite à un seul bassin dans lequel découlaient 3 cannelles, consistait auparavant en 3 différentes fontaines appelées "Les Fontaines de rue la Bouquière", distribuées à telle distance les unes des autres qu'elles occupaient ensemble tout l'espace dans lequel furent érigées les maison du N° 21 à 49 du Cours Victor Hugo.

La fontaine dans sa dernière forme était enterrée de 25 pieds environs au dessous du rez-de-chaussée de la rue des Fossés. On y descendait par un large escalier de pierre à plusieurs rampes composées ensemble de 45 marches. Sa décharge était conduite dans la Garonne par le même aqueduc qui recevait les 3 fontaines d'origine (140 toises de longueur jusqu'à son terminus).

Elle offrait un motif présentant sur une face droite des montants travaillés de refends et soutenant une corniche sur­montée d'un fronton conchoïde, dans le tympan duquel était un encadrement destiné à renforcer une inscription. Trois becs puissants débitaient en toutes saisons de l'eau en abondance. La fontaine de Pédouillet était considérée longtemps comme la meilleure de toutes les sources qui alimentaient Bordeaux.

On peut aujourd'hui toujours descendre dans l'impasse par l'escalier construit du côté des "Fossés" (sous réserve d'avoir la clé de la grille d'accès). Cet escalier est caché par un petit portail en fer. Le moyen âge est là, sinon dans toute sa beauté, du moins dans tout son pittoresque.

  • HISTORIQUE

> Le 02 Septembre 1559, un grand émoi se produisit dans le quartier, les eaux diminuaient considérablement et ce fait fut attribué à ce que les religieux Cordeliers venaient de creuser un puits dans un de leurs jardins.

>Le 06 Septembre 1559, il est fait mention de petites réparations entreprises à la fontaine Bouquière.

> Vers 1662-1663, le jurat Davancens fut "commis pour faire réparer les murailles et "degrés" de la fon­taine Bouquière qui tombait en ruine".

> Le 11 mai 1674, la Jurade rendit une ordonnance recommandant au gardien de la fontaine de ne rien exiger des personnes qui venaient nettoyer leur linge au lavoir bordant le ruisseau.

> En 1684, la fontaine Bouquière, était en très mauvais état. Elle offrait "des dégra­dations considérables" qu'il fallait attribuer "à la négligence des surveillants autant qu'aux injures du temps". L'édicule fut restauré en cette même année 1684. Les mendiants continuèrent à aller y faire leurs ablutions, il y avait là une eau claire et fraîche dans un endroit discret.

> 24 janvier 1690, Un imprimé d'un arrêt du Conseil d'État, qui permet à MM. les Jurats d'aliéner les places vides des fontaines de rue Bouquière.

> 19 septembre 1690, Arrêt du Conseil d'État qui permet de vendre les places qui sont sur les fontaines de rue Bouquière, pour contribuer à parfaire la somme de 400,000 livres acceptée pour le rétablissement du Parlement et de la Cour des Aides.

Sous Louis XIV, l'emplacement de la fontaine fut donc vendu et on y éleva des maisons dont les propriétaires furent tenus de payer une rente à la commune.

> Le 14 Novembre 1693 et le 1er Juin 1695 on pourvut au nettoiement des bassins de la fontaine.

> En 1748, l'aqueduc de décharge jusqu'à la Garonne fut curé, en partie à la charge des voisins (diverses latrines donnaient sur l'aqueduc). La ville ne voulut prendre à sa charge que le partie passant sous la rue de la Rousselle et la traversée de la place de la Bourgogne.

> On notera que vers Juin 1755, on relevait un débit de 8 pouces d'eau en hiver et à peine 3 l'été précédent...

> La ruelle qui conduisait à la fontaine avait son entrée est sur les fossés des Salinières, en cet endroit il a existé, jusqu'en 1815, trois maisons adossées l'une contre l'autre et formant un triangle isolé, qu'on appelait la maison seule. C'était la tête d'une rue qui traversait autrefois, en ligne diagonale, les fossés des Salinières, au moyen d'un petit pont, avant que ces fossés ne fussent comblés et bordés de maisons. Ce pont faisait communiquer la rue des Boucheries avec celle des Faures.

> On trouve aux archives un document daté de 1829 pour le règlement de travaux pour la "démolition de l'ancienne fontaine" (voir plus bas).

> Vers 1860 on interdit l'accès vers la fontaine. La source fut canalisée dans une autre direction...


  • LES FONTAINIERS

Le 5 juillet 1533, les jurats décidèrent d'allouer annuellement "20 francs bordelois" à la personne chargée de veiller à la fontaine. Surveillance quelque peu aléatoire...

Le 27 Septembre 1559, les Jurats nommèrent Jacques Roux aux fonction de fontainier des fossés de Porte Bouquière en remplacement d'Héliette Baille, qui ayant succédé à son père, Héliot Baille, ne remplissait point convenablement ses fonctions. Nommé sergent ordinaire de la ville le 23 décembre 1559, Jacques Roux céda sa place à François Lauret.

Le 27 Janvier 1649, Jean Girardeau fut nommé fontainier.

Le 28 Janvier 1674, Bertand Girardeau succède à son père dans la charge de fontainier de ce lieu.

Jean Bernard, archer du Guet, fut logé à proximité de la fontaine le 23 aout 1695 sous réserve de veiller au parfait entretien.

Cadastre des années 1820-1828
Cadastre de l'année 1850
  • PROJECTION SUR UNE VUE AÉRIENNE DE NOS JOURS

  • ILLUSTRATIONS



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(journal/la-petite-gironde/17-septembre-1937)
  • DÉMOLITION DE L'ANCIENNE FONTAINE




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  • PUITS DE LA MÊME SOURCE / "FONTAINE DE LA ROUSSELLE" (dite parfois "fontaine miraculeuse")

[Extrait du Journal Sud-Ouest du 19/11/2019 par Cadish] Selon la thèse du docteur Gayout, présentée le 14 octobre 1910 à la Faculté de médecine de Bordeaux, le sieur Bergeron, marchand de son état, las de demander de l’eau à ses voisins, fit creuser un puits dans la cave de sa maison rue de la Rousselle. Environ à six mètres de profondeur, sous un énorme rocher, les ouvriers virent jaillir une eau « claire et vive ». Cependant, son goût « piquant » ne lui permettait pas de connaître un usage domestique, jusqu’au jour où deux individus l’ayant bue furent « copieusement purgés ». À partir de ce moment, le puits connut une grande réputation. Un message publicitaire paru en avril 1693 dans le journal « Le Mercure galant » faisait même l’éloge de son eau. Le docteur Étienne Ginestous (1870–1945), ophtalmologiste à l’hôpital des enfants, précisait « qu’elle ne fatiguait pas, n’occasionnait ni nausées, ni dégoût, ni lassitude […], elle était légère, guérissait le mal de tête et les obstructions (sic) ». Il rajoutait « qu’elle était très bonne dans les fièvres intermittentes ». Cette source serait restée en fonction jusqu’en 1914.

En 1844, l’historien bordelais Pierre Bernadeau situe également un puits aux mêmes propriétés minérales et médicinales dans la rue de la Rousselle. Il portait le nom de puits de Covy. Plus au sud en descendant quelques marches en bordure du cours des Fossés (le cours Victor-Hugo aujourd’hui), on atteignait par une impasse, dite aussi des Pédouillets, la fontaine Bouquière ou Bouqueyre. Une analyse de son eau avait décelé également la présence d’une grande quantité de sels marins.

À quelques pas, la rue du Puits-Descazeaux évoque la présence d’un puits dans un jardin « casau » (traduction gasconne de jardin en français). S’agissait-il de la même source ? Les actes notariés des XIVe et XVe siècles mentionnent un nombre considérable de puits dans ce quartier habité dès le Moyen Âge par de riches familles bourgeoises possédant hôtels (oustau) et jardins.

Vestige du charlatanisme et des croyances populaires, la mode des eaux purgatives a traversé les siècles. L’urbanisation accrue des villes au XIXe siècle y a mis un terme définitif.

Dictionnaire universel, géografique, statistique, historique,Vol.1


  • M'ENFIN !?

ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES

  • "CASSAGE DE MARGOULETTE"...😊

> Le 18 Janvier 1614, M. Le procureur syndic représenta en Jurade que les degrés des "fontaines de rue Bouquière" étaient tellement usés que "depuis peu deux servante s'y étaient tuées". Ce fonctionnaire relate que cela était dû au fait que le Sieur Roulier (voisin de ce lieu) y faisait couler les eaux de sa maison qui se glaçaient et occasionnaient des accidents aux personnes allant chercher l'eau. Sieur Roulier, une fois entendu, se vit finalement condamné le 25 janvier suivant, à faire un canal le long de sa maison pour conduire les eaux dans la rue et refaire à neuf 2 grands "degrés"... 😊


  • EXPÉRIENCE DE "SAVANTS DE MARSEILLE" 😊

> Leroux Alfred. III. Une expérience de physique à Bordeaux en 1629. Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 26, N°104, 1914. pp. 509-510;

Dans l'inventaire fait en 1751 par l'abbé Baurein des délibérations, aujourd'hui perdues, de la Jurade de Bordeaux, on lit la mention suivante : 1629, 11 juillet. Mrs les jurats, procureur syndic et clerc de ville se transportent à la dite fontaine d'Ausone. Le lendemain 12 juillet, Mr les jurats firent porter une fiole d'eau de la dite fontaine d'Ausone (Sur le ruisseau du Peugue, cette fontaine n'existe plus, voir: https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/fontaines-de-bordeaux/fontaine-poitevine ) et ils la versèrent dans l'un des plateaux d'une petite balance. Ensuite ils remplirent cette même fiole d'eau de la fontaine de rue Bouquière et la versèrent dans l’autre plateau de la balance; et ayant élevé la balance, il se trouva que l'eau de la fontaine d'Ausone était de deux grains plus légère que celle de la fontaine de rue Bouquière. Des délibérations qui précèdent celles des 11 et 12 juillet, il résulte que l'initiative des magistrats bordelais fut prise à l'occasion d'un récurage des fontaines d'Ausone et de Bouquière, sises toutes deux sur le même ruisseau. Nous ne savons rien de plus. Cette expérience repose sur l'emploi d'une méthode bien connue des physiciens, celle du flacon. Assurément elle laisse à désirer. Ceux qui la faisaient n'eurent pas l'idée de vérifier si, au sortir de la fontaine, l'eau recueillie la première était ou non à la même température que la seconde ; d'ailleurs l'instrument ad hoc, le thermomètre, faisait encore défaut. Ils se servirent sans doute d'une fiole ordinaire, dans laquelle il est difficile d'obtenir successivement deux niveaux d'eau exactement pareils. Ces deux causes d'erreur suffisent à expliquer la différence de poids trouvée, soit 2 grains = 1 decigramme 062 : différence assez considérable, même si l'on admet, comme contenu de la « fiole », de 150 à 200 centimètres cubes d'eau. Il est clair qu'une autre raison de cette différence ne saurait être invoquée, par exemple la présence de sels en excès dans l'eau plus lourde de la fontaine de Bouquière, puisque les deux sources provenaient du même courant souterrain. Mais l'expérience imparfaite que tentèrent les magistrats bordelais a pour, intérêt principal sa date elle-même : 1629. Rappelons que les poursuites et la condamnation dirigées contre Galilée sont de 1616-1617; que Bacon a publié son Novum Organum en 1620; que Torricelli a créé le baromètre en 1643 : c'est en 1644 qu'il en annonçait la découverte au P. Mersenne. L'histoire si généralement connue des fontainiers de Florence et de leurs observations avait peut-être incité nos jurats à expérimenter eux aussi, — à la vérité dans un autre ordre d'idées et au sujet d'un autre principe, celui d'Archimède. L'expérience scientifique était de mode. Il faut bien qu'il en fût ainsi pour qu'il vînt à l'esprit d'en instituer une, non à des professeurs ou à des savants, mais aux jurats de la municipalité bordelaise. Sans aucun doute, ils étaient instruits des tentatives analogues qui se produisaient ailleurs.

  • VISITE GUIDÉE 😊

  • RÉPARATION DES ESCALIERS DE LA FONTAINE


  • PROBLÈMES DE SALUBRITÉ 😟

  • DEMANDE DE CONSTRUCTION D'UN MUR À CHEVAL SUR LES MARCHES DU HAUT DE L'ESCALIER MENANT À LA FONTAINE

Contrairement à ce que l'on croit, la volée de marches sur le côté en haut de l'escalier, n'est pas le vestige de l'ancienne fontaine Bouquière. Elle se trouvait en effet bien plus bas, là où aujourd'hui il y a un espace à angle droit tout en bas des marches près de l'ancien ruisseau. Ce qui fait sens pour une source, vis-à-vis du niveau du sol et du ruisseau...

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> Création de la page & publication: 5 Mars 2018. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post