FONTAINE COLONNE DE MARBRE

> NATURE/CONSTRUCTION:    Haute de 12 mètres, en marbre rouge et blanc, avec bouches en bronze.

> ÉTAT: Supprimée, stockée dans les réserves du Musée d'Aquitaine.


Coordonnées GPS:

1er emplacement: 44.8385, -0.56924.



2ème emplacement 44.84151, -0.56988 


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=> les CARTES:


Afin de combler le vide laissé par la suppression de la statue équestre de Louis XV (voir le descriptif sur ce site ici: https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/statues-de-bordeaux/statue-louis-xv) sur la place Royale (aujourd’hui place de la Bourse), la Municipalité fit édifier en 1828 une grande colonne fontaine d’ordre corinthien.

La 1ère pierre fut posée le 17 juillet 1828 par la duchesse de Berry se rendant aux eaux des Pyrénées.

(359 médailles en biscuit de 75F, relatives à l'érection de la fontaine, seront livrées à Durand le 12 août 1828.)

La fontaine fonctionnera enfin courant octobre 1829.

=> Les travaux dureront en tout 3 ans !!!

La fontaine, peu en rapport avec le cadre de la place, était fort peu appréciée des habitants du quartier. Ce monument était ainsi jugé comme mal placé et de mauvais goût.

(=> La suite plus bas dans cette page... :-)


Construite de marbres rouges de Languedoc et blancs de Saint-Béat, il semble qu'à l'époque elle fut la seule à jouir de ce privilège. Les marbres rouges ont été fournis par le préfet. Quant aux marbres blancs, ils furent acquis à Toulouse chez Layerle et Capel, et tirés des carrières de Saint-Béat. Selon le devis rédigé par Durand, daté du 1er aout 1827, et d'un montant global de 11696 F, les différentes parties de la fontaine s'organisent comme suit:

Au total, elle faisait 12 mètre de hauteur dont 6m pour le seul fût de la colonne.

Le travail de sculpture, exécuté par Florent Bonino, sera payé 2400F; les blocs de marbre blanc 1280F, la taille et le polissage de la colonne 1200F. (Florent Bonino fut auteur notamment des décors de la Fontaine de la Grave, de la Fontaine Rue Royale, de la Fontaine d'Audège, des 2 colonnes rostrales de la Place des Quinconces et des tombeaux de Pierre Lacour et du colonel Joseph Deschamps au cimetière de la Chartreuse) 

La colonne était originellement alimentée par des tuyaux de terre cuite de Sadirac,  de 65cm de longueur et soigneusement vernis intérieurement. La quantité nécessaire était de 1200 tuyaux pour un coût total de 540F. Le raccordement entre la place Saint Projet et la Place Royale (place de la Bourse) fut entrepris fin novembre 1828. Cette canalisation présentera par la suite de problèmes d'étanchéité...A partir du 17 Juin 1829, elle sera  remplacée par une conduite en plomb à l’initiative de Durand. 

Apparemment, des 4 mascarons qu’on y avait sculptés (mufles de lion en bronze), 2 seulement jetaient de l’eau qui, bien qu’en petite quantité, inondait la place et la rendait boueuse, même en été. (la conception de la vasque en aurait été la cause)

En 1843, les riverains de la place du palais se plaignent au maire Duffour-Dubergier de l'aspect de leur fontaine Brutus qu'ils jugeaient lourde et informe (voir le descriptif sur le site ici: https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/fontaines-de-bordeaux/fontaine-brutus-place-du-palais).

Ayant eu vent de la déconstruction de la colonne fontaine de la place Royale (place de la bourse) ils demandent que cette colonne soit transportée dans leur quartier (avec une participation volontaire des habitants). Accord conclu le 20 Septembre 1844, le montant des fonds récoltés s’élèvera à 760F.

La translation fut faite le 28 janvier 1845. On l'y éleva sur un socle de marbre (débarrassée de la vasque qui servait de bassin, perdu à cette occasion), avec une borne-fontaine sur chaque côté. Sur l'une des faces de ce socle quadrangulaire on pouvait lire cette inscription : " Le vicomte de Martignac, ministre de l'intérieur ; le baron d'Haussez, préfet du département de la Gironde; le vicomte du Hamel , maire de Bordeaux ; Lucadou , adjoint du maire pour les travaux publics; Devaulx, Decoinet, de Minvieille , de Courson, Dupuch , adjoints du maire."

Puis l'intérêt d'avoir une fontaine déclina et elle fut démontée pour faciliter la circulation (déjà!). L'endroit était occupé par le terminus de multiples lignes d'autobus...

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En 1988/1989, il y eu une proposition de projet de la placer au centre de la Place des Grands Hommes dans le cadre de la rénovation de la place...

Elle fut stockée un moment aux anciens hangars du tramway de Caudéran, certains de ses éléments sont conservés depuis 1972 dans les réserves du musée d'Aquitaine. Elle repose toujours dans les réserves de la ville en attendant des jours meilleurs. La ville de Bordeaux conserve ainsi encore les parties essentielles de ce monument: la base, le fut, le chapiteau.

(Note: Les éléments métalliques du monument furent considérés le 5 décembre 1941, pour destruction dans le cadre de la récupération des métaux non ferreux lors de la 2nde Guerre mondiale...Il fut cependant écarté finalement de cette 2ème liste d'œuvres sacrifiées...)  

(Photo issue du site de La Mémoire de Bordeaux Métropole)


ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES

Extrait de l' "Histoire_de_monuments_anciens_et_moderne de Bordeaux Tome 1er":

En 1844, et presqu'à l'endroit où l'on a transféré la fontaine à colonne de marbre retirée de la Place Royale, l'on a découvert, à côté des fondations de l'ancien palais de l'Ombrière, un grand nombre de boulets en pierre d'un volume considérable. Ici vient l'occasion de rappeler, d'après l'abbé Beaurein, qu'en 1421, les jurats de Bordeaux, ayant pris la résolution de faire le siège de Budos, résolurent d'y employer une grande bombarde qui lançait des pierres du poids de 7oo livres: ces boulets venaient de Barsac et de Langoiran, et devaient être transportés sur le Ciron.

Lors de la démolition du château Trompette et sur l'emplacement du fort du Hâ, l'on a trouvé de semblables projectiles, dont le diamètre égalait 70 à 75 centimètres : ils pesaient chacun 390 kilogrammes.

=> Extrait du "viographe bordelais par BERNADAU"

Afin que cette fontaine et la place où elle est élevée, soient vues depuis le port, ne conviendrait-il pas d'abattre la bizarre et très incommode porte du Caillou, dont la forme, d'ailleurs bien irrégulière, contraste avec la magnifique ligne de façade du quai, au centre duquel elle est placée, ou plutôt déplacée, en même temps qu'elle compromet la sûreté et la salubrité publiques? Cette porte est l'abord le plus fréquenté du port, et l'endroit que traversent en tous sens les charrettes qui transportent les marchandises du commerce et les denrées de consommation journalière. Son arceau est tellement étroit et surbaissé, qu'une seule voiture peut y passer.

Sa démolition , depuis longtemps désirée par les habitants du quartier, permettrait d'exhausser de 1 mètre le terrain qu'elle occupe, pour qu'il arrive au niveau de celui des deux bouts, et délivrerait les maisons des rues du Caillou et du quai Bourgeois de l’inondation qu'elles éprouvent dans les forts maréages, par les grandes eaux qui refoulent des aqueducs du Peugue ouverts tout auprès. Par suite du pavage uniforme qu'on vient d'effectuer sur toute la place du Palais, la chaussée établie sous la porte du Caillou n'a été exhaussée que de 16 centimètres. Cet exhaussement facilite seulement la traction des attelages des voitures , sans diminuer les dangers du passage des piétons en ce dernier endroit.

Le mot "PLOMBERIE" a pour origine le terme latin pour PLOMB (plumbum) et provient de l'utilisation de ce métal malléable pour réaliser les installations de plomberie au cours des siècles précédents. 

Les Romains construisirent des systèmes d'égouts souterrains (comme le Cloaca Maxima) sous les voies carrossables et des aqueducs qui allaient chercher l'eau potable nécessaire à la vie à des sources élevées, et à de très grandes distances des villes desservies. 

Outre ces aqueducs, les ingénieurs romains ont créé des systèmes complexes de distribution d'eau par gravité, qui se terminaient à l'intérieur des villes par l'alimentation des fontaines et des bains publics "les thermes" qui ont permis une nette évolution dans la propreté sanitaire des personnes. L'évolution des techniques de distribution de l'eau au moyen de tuyaux de plomb soudés a probablement compté pour une part dans la déchéance de la civilisation romaine, en raison de la maladie générée par le plomb: le SATURNISME.

Le saturnisme est la maladie correspondant à une intoxication aiguë ou chronique par le plomb. Ce nom fait référence à la planète Saturne, symbole du plomb en alchimie. Contrairement à d'autres métaux, le plomb n'a pas de rôle utile connu dans l'organisme humain, animal, fongique ou végétal. Il est toxique au niveau cellulaire, quelle que soit sa concentration. Les principales sources de contamination étaient la vaisselle et les objets en plomb (récipients de cuisson, tuyauteries, réservoirs, …) ou d'étains et d'émaux de poteries contenant du plomb; les vapeurs de plomb des fonderies romaines antiques ont eu des retombées jusque dans les régions polaires. (Les anciens tuyaux de fer, furent remplacés en effet par des tuyaux en plomb, car les tuyaux en fer ne supportaient pas le poids du passage des véhicules.)

L'enjeu de santé publique est important, notamment car le plomb est facteur de handicap mental, même à faible dose s'il contamine l'embryon ou le fœtus, et il affecte les capacités d'apprentissage de l'enfant (pour des plombémies aussi faibles que moins de 5 μg/dL; avec une perte de 0,46 points de QI par microgramme de plomb supplémentaire par décilitre de sang).

Longtemps les réseaux de distribution d'eau sont du ressort du fontainier qui collabore activement avec les plombiers ouvriers spécialisés dans le travail du plomb mais aussi les pompiers, les spécialistes des pompes... 

(Anecdote: M. Pinart, avait acheté, en 1854, le château de la Falaise, ancienne demeure de l'intendant. Quand, en 1854, M. Pinart prit possession de la Falaise, il y trouva une urne en plomb revêtue d'une inscription indiquant qu'elle renfermait le cœur du marquis de Tourny. Cette urne fut déposée dans l'église de la Falaise.)

On pourra également noter que jadis un autre projet avait été proposé, comprenant lui aussi une colonne "du Département de la Gironde" qui devait être munie d'une boule en son sommet, et que de celle-ci devait sortir de la fumée/vapeur...



  • Sources:

- https://bernadau.wordpress.com/2016/06/16/annee-1843/- histoire complète de Bordeaux 1ere Partie Tome3 l'Abbé O REILLY- revue historique de Bordeaux Tome 11- Aqueducs et fontaines de Bernadette Lacroix-Spacenska- Document de la Bibliothèque de Bordeaux- Archives de Bordeaux Métropole- Archives Journal Sud-Ouest: Mardi 6 février 2018

Le résultat de mes recherches & synthèse des informations, de la construction des sections & mise en forme, et de la découverte des données d'illustrations/photos sur cette FONTAINE COLONNE DE MARBRE sont entièrement issus de mon travail personnel. Je cite mes sources ci-dessus 📜.

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> Création de la page & publication: 18 Août 2018. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post