FONTAINE LONGCHAMPS

  • QUOI: FONTAINE LONGCHAMPS / FONTAINE-LAVOIR DE L'INSTITUT HYDROTHÉRAPIQUE DE LONGCHAMPS

  • QUI: (Constructeur ?)

  • : Sur le domaine de l'actuel lycée Montesquieu.

  • QUAND: Au XVIIIe siècle.

  • COMMENT:

> NATURE/CONSTRUCTION: En pierre.

> ÉTAT: Disparue.

  • COMBIEN: 1 exemplaire

  • POURQUOI: Embellir et fournir en eaux le domaine. L'emplacement est également repéré en tant que lavoir sur une des cartes.

  • LOCALISATION

Coordonnées GPS: 44.85044, -0.58216.

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=> la CARTE:

  • CONTEXTE HISTORIQUE

Depuis le XIIIe siècle, le terrain sur lequel s’établit l’actuel lycée Montesquieu n’a cessé de subir des transformations (exploitations et jardins, échoppes, fontaine, maison de santé, etc.) avant de devenir un établissement scolaire à part entière prenant bien plus tard la dimension d’un lycée. Le terrain sur lequel se trouve actuellement le Lycée Montesquieu faisait partie de la “Seigneurie des quinze curés” dans la Sauveté de St-Seurin.

Aménagés entre les XIe et XIIIe siècles, ces terrains prennent le nom, au XVIe siècle, de “Plantier de Figeyrols” : plantés de vignes et de figuiers, arrosés par la fontaine de Figueyraux (à l’emplacement de l’actuelle rue Laroche, voir le descriptif sur ce site ici: https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/fontaines-de-bordeaux/fontaine-figueyreau) qui alimentait un lavoir (à l’emplacement de l’actuelle place du Lavoir). Ils s’inscrivaient dans un paysage de chemins semi-urbanisés parsemés de nombreux jardins et de petites exploitations.

Au XVII ème siècle, il y avait sur la Place Longchamps le domaine de Pradets, qui appartenait aux Pontac. Vendu à plusieurs acheteurs successifs, il prend le nom de l'un d'eux: Labatut, pour finalement échoir au XVIII ème siècle à la famille Moreau de Moncheuil.

Le domaine subit ainsi d’importantes transformations : une série d’échoppes sont construites le long de la rue Figueyraux. En 1819, une nouvelle vente du domaine permet d’établir un état des lieux : l’îlot comprend alors une « maison située dans le quartier de Figueyraux, formant l’encoignure où se rejoignent la rue Chapelier et la rue des Noyers [l’actuelle rue David Johnston] ». La vente comprend également « le jardin, la FONTAINE, la salle de danse, les autres objets attenant à ladite maison, tels qu’ils sont jouis et affermés par le nommé Castro, jardinier pépiniériste et la veuve Baillot ».

Charles Paulin Moreau de Moncheuil vend le domaine en 1859 à Antoine-Anatole-Paul Delmas, originaire de Bergerac (1834–1898) dont les lointains ancêtres étaient depuis le XVIIe siècle « maîtres de bateaux » sur la Dordogne (déjà le métier de l’eau !). Docteur en médecine à l’âge de 24 ans, il crée en 1860 l’Institut hydrothérapique de la maison de santé de Longchamps sur la place du Jardin des Plantes rebaptisée Place Longchamps en 1877.

Le docteur Delmas vend à la ville de Bordeaux les terrains qui servaient à l’exploitation du centre d’hydrothérapie de la place Longchamps qui, en 1873, s’appelait encore place du Jardin des Plantes. Le prix de vente est fixé à la somme de 675 000 francs, et les conditions de cette vente sont arrêtées ainsi qu’il suit : la ville pourra jouir de l’immeuble entier qui lui sera livré le 10 juin 1901. Ce lycée Montesquieu devra recevoir à la fois des élèves externes et des élèves demi-pensionnaires.


  • DESCRIPTION DES LIEUX

L’ensemble, dont la superficie totale atteignait 8 607 m², comprenait :

- un hôtel élevé sur sous-sol et rez-de-chaussée, de deux étages supérieurs avec mansardes (en façade de la rue Lagrange),

- un établissement d’hydrothérapie,

- des dépendances diverses.

L’endroit avait tout pour séduire : le Jardin des Plantes, tout proche, venait d’ouvrir ses portes ; dans l’île un gracieux pavillon accueillait les concerts de musique militaire (ambiance thermale garantie!) ; la proximité du centre-ville permettait « aux malades de jouir des plaisirs et des distractions » et avec « tous les avantages de la campagne », écrivait Paul Delmas dans la présentation de son projet en 1860.

L’approvisionnement en eau favorisa le projet : les sources du Tailllan assuraient un débit de 2000 hectolitres/jour permettant l’alimentation des nombreux appareils hydrothérapiques : douches en pluie, en cercle, en cloche, douche écossaise, douche ascendante, vaginale, rectale, périnéale ; étuves à air chaud ou à vapeur humide ; bains à vapeurs soufrées, iodées, arsenicales, térébenthinées, résineuses… sans oublier les douches d’eau minérales artificielles, les bains d’air comprimé du Dr Pravas et les bains électriques du Dr Caplin de Londres.

Afin de permettre aux patients de résider sur place, Paul Delmas avait créé une maison de santé attenante proposant des séjours avec « un personnel habitué au service des malades » […] « La table est servie avec abondance, le vin n’y est point proscrit ». La proximité du centre-ville leur permettait de « jouir des plaisirs et des distractions, et de tous les avantages de la campagne ».

  • L’INSTITUT HYDROTHÉRAPIQUE

Le Second Empire lança la mode des bains de mers et des cures thermales. S’ajouta une branche concurrente, l’hydrothérapie qui combinait traitement par douches et bains. Bien que d’un enthousiasme modéré, le corps médical s’intéressa aux bienfaits de l’eau pour la santé ; venue d’Allemagne, l’hydrothérapie devint alors une branche nouvelle de la médecine.

Si la création des bains des Quinconces n'était qu’opportunisme commercial, celle de l’institut hydrothérapique de Longchamps était, semble-t-il, le premier jalon d’un véritable projet scientifique. En effet, fort des résultats obtenus sur des « états morbides » soignés à l’institut, le Dr Delmas fut chargé par l’administration hospitalière de Bordeaux de la création d’un service hydrothérapique à l’hôpital Saint-André. L’installation fut créée en 1868 et traitait plus de 1 000 malades par an au milieu des années 1880 !

L’institut se distinguait des bains des Quinconces par la variété de ses « ressources balnéaires » (eau à l’état liquide, solide et gazeux) et des soins proposés (douche en pluie, en cercle, en cloche ; bains à vapeurs soufrées, iodées, arsenicales, résineuses…). Le terme « balnéaire » peut prêter à confusion, car les appareils étaient alimentés par les sources captées sur la commune du Taillan et non par l’eau de mer ces eaux puisées à une dizaine de kilomètres de Bordeaux sont supposées traiter : maladies aiguës ou chroniques du système nerveux, des voies respiratoires, fièvres, névroses, rage, syphilis etc… Cela dit, le Dr Delmas était parfaitement conscient que l’hydrothérapie ne pouvait guérir les pathologies les plus sévères, mais qu’elle procurait un certain soulagement aux patients.

La passion de cet « hydrophile » se poursuivit dans la région : en 1870 il fondera les Grands Thermes de Dax. Toujours à la recherche d’innovations, il visita quantité de stations thermales tant en France qu’en Angleterre (où il constata la pratique quotidienne « de se plonger dans l’eau ») en Suisse jusqu’au Caucase, l’Algérie… On ne tarda pas à lui reprocher d’exercer une « science facile ».

Son commerce balnéaire connut assez vite une récession : les découvertes pasteuriennes mirent à mal certaines convictions, reléguant l’hydrothérapie et le thermalisme dans l’inconnaissance et l’empirisme. Le décès de notre industriel de l’eau en 1898, précipita la fermeture de cet établissement qui fut vendu en 1901 pour laisser place au Lycée Montesquieu.

(Pas d'indice sur la destruction de la fontaine ni sur ce qu'il est advenue de la statue)...


  • M'ENFIN !?

ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES

  • "J'ai fini mon lavement, tu peux y aller !!!" 😊

  • Georges Méliès, L’Hydrothérapie fantastique, court-métrage de 1909

  • Alternatives: Remèdes de Cheval 😊

  • UN LIEU TRISTEMENT CELEBRE...

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> Création de la page & publication: 18 Juin 2018. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post