HISTOIRE DES FONTAINES WALLACE DE BORDEAUX

          > NATURE/CONSTRUCTION:    Fonte (et reproductions en résine).

          > ÉTAT:     Toujours en eaux pour certaines, accessibles au public.

En 1873, peu de temps après les premières installations de fontaines Wallace dans Paris, le riche banquier Daniel Iffla (1825-1907, mécène juif mieux connu sous le nom Daniel Osiris) décide de suivre l'exemple de Sir Wallace mais pour Bordeaux.

Osiris finance l'achat de 6 fontaines Wallace grand modèle à cariatides, don assorti de conditions d'implantations, entre autres que l’une d’elles soit installée proche de son lieu de naissance (25 de la rue Bouhaut, aujourd'hui Rue Sainte Catherine): place du Général-Sarrail, et aux endroits précis de la ville qui lui avait été recommandés. 

« Je propose de les placer aux points suivants, préconise un dénommé Wolff, alors ingénieur les eaux à Bordeaux: place des Augustins (:place du général sarrail), Jardin public, jardin de la mairie, allées Damour (:place des Martyrs-de-la-Résistance), square de la place Dauphine (:place Gambetta) et square futur de Saint-Michel. » 

Ici des extraits de son testament: https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/testament-de-daniel-iffla-dit-osiris_1902

.

Trois ont disparu de Bordeaux dans des circonstances méconnues:

La municipalité a choisi d’en implanter des rééditions. Une d’elles, cours Xavier Arnozan, a été offerte par Madame Schiller (décédée en 2007), descendante de sir Wallace, qui résidait en face de la fontaine.

Les 3 fontaines en fonte originellement offertes par Daniel Iffla Osiris et toujours présentes sont :

Des rééditions ont été implantées :

Une autre fontaine a été offerte par la ville de Bordeaux à la ville japonaise de Fukuoka.

On apprend dans les documents d'archives de la Ville de Bordeaux (en annexes en bas de cette page) que sur proposition de M. Boyet, la Commission des Travaux Publics avait émis le souhait de voir l'installation d'une nouvelle fontaine Wallace modèle N°1327 (Modèle en applique murale) sur un des côtés de la place du Cimetière (aujourd'hui nommée Place Gaviniès).

Néanmoins, le 27 Septembre 1893, le Conseil de l'Administration de la Ville refusa le projet à cause du coût jugé trop important...


ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES

Daniel Iffla est issu d'une famille modeste juive bordelaise d'origine marocaine et ibérique.  Il aurait pris le patronyme d'Osiris officiellement en 1861 après avoir été associé à une faillite retentissante - le règne de l'ancien dieu égyptien Osiris étant communément qualifié de « bienfaisant et civilisateur ». 

Son obsession philanthropique procédait à la fois de la tradition juive de la tsedaka (charité), des valeurs républicaines et de l'irrépressible désir d'étaler sa fortune (...). Daniel Iffla Osiris se consacra ainsi au mécénat après la mort en 1855 de son épouse chrétienne, Léonie Carlier, un an après qu'elle lui eut donné deux enfants qui ne survécurent pas à leur naissance.

Lorsqu’il décède en 1907, l’ouverture de son testament réserve quelques surprises à sa famille, sa nièce et sa petite nièce, mariées l’une avec Sacha Guitry, l’autre avec Claude Debussy 😊. Il fait légataire universel de sa fortune l'Institut Pasteur, pour un montant de 30 millions de francs - le legs le plus important de son histoire. Sur la suggestion de la comtesse Greffulhe relayée par le député Denys Cochin, l'Institut Pasteur utilise cette somme en partie pour la création de l'Institut du Radium en 1914, où travaillera Marie Curie, et qui fusionnant avec la Fondation Curie en 1970, deviendra l'Institut Curie en 1978. 

Iffla fait construire une synagogue  à Arcachon et se joint aux Pereire et Rothschild pour financer la reconstruction (après un incendie en 1873) de la Grande synagogue de Bordeaux qui s'achèvera en 1882.

Il fait également ériger la villa Alexandre Dumas dans la « ville d'hiver » d'Arcachon où il séjourne, initialement baptisée « villa Osiris »

Amoureux de vins de qualité et de l'élégance, Osiris acquiert en 1876 à Bommes dans le Bordelais, le domaine du château de la Tour Blanche et s'y installe régulièrement à l'occasion des vendanges. Il lègue à sa mort le domaine à l’État français qui, suivant les volontés expresses de son testament, y installe en 1911 l'actuelle l’École de viticulture et d'œnologie de la Tour Blanche, appartenant à la région Nouvelle-Aquitaine depuis 2010, et qui accueille des étudiants dans son lycée professionnel agricole, alors que le château produit des Sauternes classés...

Daniel Osiris Iffla peut aussi être considéré comme le fondateur des premiers « restaurants du cœur » car il lègue à la Ville de Bordeaux - sa ville natale - 2 millions de francs pour, selon ses propres mots « y créer un asile de jour installé sur un bateau où seront reçus des ouvriers âgés et indigents des deux sexes, sans distinction de culte ». La raison de cet emplacement était de ne pas être tributaire des aléas immobiliers ou de problèmes de voisinage, afin que l’œuvre de bienfaisance s'inscrive dans le temps. Ce « bateau-soupe » fut construit et fonctionna après sa mort et sur ses deniers de 1913 à 1940. Outre plus d'une centaine de milliers de repas fournis chaque année aux nécessiteux bordelais, l'immense bateau abritait réfectoires, salles de repos, pavillons médicaux, entrepôts de vivres et de vêtements. Durant la Première Guerre mondiale, le bateau accueillit des soldats malades, des réfugiés, des orphelins mais durant la Seconde Guerre mondiale, il fut réquisitionné par les Nazis comme poste de DCA, qui le déplacèrent du quartier Bacalan (quai Sainte-Croix) jusqu'à Pauillac. Il sombra dans la Garonne en 1944. 

Après la guerre, Bordeaux obtint une indemnité au titre de dommages de guerre de 2 700 000 francs (sur les 9 millions demandés). 

Elle fut utilisée pour la reconstruction du foyer Leydet, situé prés de la place Nansouty et on y ajouta un asile de jour.

En 1958, sur la demande du Grand Rabbin, il est décidé de placer dans le foyer une plaque commémorative pour perpétuer le souvenir de Daniel OSIRIS IFFLA.

Quelques jours avant sa mort, Daniel Iffla – Osiris déclarait à un ami:

« On a dit que je thésaurisais ; on s'est moqué de mon avarice. Cela m'est égal. Il m'est agréable de penser que de cette avarice, les malheureux profiteront et que, tout compte fait, c'est pour eux que j'ai travaillé. » 

Osiris passera 40 ans de sa vie à essayer d’être enterré avec son épouse et ses enfants. En effet, à l’époque, un israélite devait être dans une partie du cimetière leur étant réservée à Bordeaux. Son épouse, et donc leurs enfants, étaient catholiques. Les instances religieuses juives bordelaises s’y opposaient mordicus. Notre veuf éploré a eu beau financer moult synagogues en France comme ailleurs, rien n’y fit. D’où sa tombe au cimetière de Montmartre à Paris , les instances juives de la ville accédant enfin à cette demande si symbolique. Osiris dut y faire transférer les corps de sa famille depuis Bordeaux et réunir dans la mort religions et amour.

Sur cette tombe: Une copie du Moïse de Michel Ange sculpté pour le monument funéraire de Jules II 

Voir ici: http://parismyope.blogspot.com/2011/02/osiris.html

Fontaine Wallace square Maurice Bernardeau à Libourne

Fontaine Wallace Place Louis Magne à Périgueux.

9 Octobre 1873: Engagement de Travaux du maçon M. Doirat
9 Octobre 1873: Soumission officielle du maçon M. Doirat
1873: Rapport d'établissement des Fontaines par l'ingénieur hydraulique de la Ville, M. WOLFF
Devis estimatif des travaux de terrassement
11Aout 1893: Soumission à l'ingénieur Hydraulique de la Ville
10 Sept.1893: Proposition du statuaire de fourniture de Fontaine à établir sur la Place du Cimetière de Bordeaux
5 Oct.1893: Devis pour la fontaine à établir Place du Cimetière
14 Sept.1893: Soumission du devis au Maire par l'ingénieur hydraulique de la Ville: WOLFF
27 Sept.1893: REFUS officiel du Conseil d'Administration de l'installation d'une fontaine sur la Place du Cimetière en raison du prix jugé trop élevé
Sept.1899: État des lieux du nombre de fontaines Wallace à Bordeaux

Le résultat de mes recherches & synthèse des informations, de la construction des sections & mise en forme, et de la découverte des données d'illustrations/photos sur LES FONTAINES WALLACE sont entièrement issus de mon travail personnel. Je cite mes sources ci-dessus 📜.

Néanmoins, conformément aux conditions de Google Sites, le fruit de l'élaboration personnelle de cette page et de ses données ne peut être reproduit sans consultation ni accord préalable. Dans le cas seulement d'un accord de ma part via la rubrique §CONTACT, la réutilisation ne pourra se faire qu'avec citation du lien de ma page en source d'information. Ne faisant moi-même aucun bénéfice financier, aucune exploitation commerciale directe ou indirecte des sources ci-dessus et/ou de mes données propres sur cette page n'est tolérée ⛔️. (LOGO "Bordeaux QQOQCCP": marque déposée). Merci à vous.

La diffusion seule et gratuite du lien de cette page reste bien entendu entièrement libre et encouragée 😉.

> Création de la page & publication: 23 Juillet 2018. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post