FONTAINE DAURADE

  • QUOI: FONTAINE DAURADE / Font Daurade / Puits Fondaurade / Puits de la Maison Daurade / Font Daurada / Fons de Tropeyta / Font Tropeyta / Fontaine de Tropeyte / Fontaine Tropeite / Fontaine de Troupeyta / Fount de Tropeyta. (=> À ne pas confondre avec la fontaine du Château Trompette !)

  • QUI: Construite par les soins de M. Alphonse d'ORNANO (lieutenant du roi en Guyenne et maire de Bordeaux), reconstruite par Laurent Lafaurie de Monbadon.

  • : Autrefois située à l'est et près de la porte Medoc, au fond des fossés de l'enceinte romaine (le "Castrum"). Fontaine souterraine située 2 bis rue des Piliers-de-Tutelle dans l'angle de la rue du Pont de la Mousque, entre la banque CIC et le magasin Verdeun. (voir les 2 plaques devant la banque) Appelée aussi parfois "Place Daurade"

  • QUAND: Construite en 1607. Décorée et voûtée en 1614 puis reconstruite en 1807. Elle cessa d'être utilisée après 1920, "redécouverte" en 1993 par Georges Page.

  • COMMENT:

> NATURE/CONSTRUCTION: Une salle sous la voie, d'une hauteur d'environ 5,20 mètres, couverte d'une voûte en berceau. La pièce voûtée mesure 4,26m de long et 2,68m de large. L'escalier de descente est en pierre calcaire, avec rampe métallique. Alimentée par la source Tropeyta.

> ÉTAT: Toujours existante mais non accessible au public, hors d'état de fonctionnement.

  • COMBIEN: 1 exemplaire.

  • POURQUOI: Cette fontaine tire son nom de la maison dorée, en gascon "Daurade". Elle fournissait de l'eau au quartier Trompette.

L'ancien nom de la "Fontaine Tropeyte", sur le ruisseau du même nom (la source "La Tropeyta", sortant à l’est du puy Paulin), donna son nom: au "Castet de Tropeyta" (ancien Château Trompette situé autrefois sur l'actuelle place des Quinconces), aux "Fossats Tropeyta" (anciens fossés: cours actuel du Chapeau Rouge), au "Quartier/Faubourg Tropeyta" (quartier soit disant "mal famé, habité par des mariniers"), à l'ancien "Port de Tropeyta" (point d'ancrage sur la Garonne face au Château Trompette), à la "Tour-Neuve de Tropeyta" et à la "Porte de Tropeyta" (Originellement Porte de l'Ome de Casse/Porte de Casse, puis Porte de Corn, Porte Tropeyta et enfin Porte du Chapeau Rouge).

  • LOCALISATION

Coordonnées GPS: 44.84189, -0.57358.

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=> la CARTE:

  • HISTOIRE DE LA FONTAINE:

Ce point d'eau était au niveau des hautes marées, et la Garonne y pénétrait par l'aqueduc qui conduisait les eaux de la source dans la rivière. On avait établi une écluse au bas de cet aqueduc, au lieu appelé "au Murrat"; le propriétaire de la maison appuyée contre le mur de la ville, et sous laquelle passait l'aqueduc, était obligé de fermer l'écluse à toutes les marées, pour empêcher la vase d'y pénétrer; et de l'ouvrir à tous les descendants, pour laisser écouler les immondices qui s'accumulaient dans l'aqueduc...

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En 1612, Mansard bâtit un bel hôtel particulier pour Pierre de Pontac, Premier Président de la Cour du Parlement. Un personnage ostentatoire qui avait exigé une architecture chargée comportant, pour donner accès à la cour d'honneur du bâtiment, une grille en fer forgé surchargée de dorures. Ceci avait déplu au commun populaire qui avait, de ce fait, qualifié cet hôtel du nom de maison dorée, en gascon "daurade". (Sur la porte d'entrée on voyait quatre "P" entrelacés qui signifiaient : "Pierre Pontac, Premier-Président", mais que des plaisants traduisaient par : "Pauvres Plaideurs , Prenez Patience". 😊 )

Lorsque le premier président Pontal fit bâtir la Maison DAURADE, il pratiqua au-devant de cette maison, une place, en démolissant quelques maisons et couvrant cette fontaine.

Elle fut ensuite redécouverte, puis rétablie...

En 1614, on y établit une pompe au moyen de laquelle on élèvait l'eau, puis décorée et voûtée (réduite en telle forme et qualité qu'on la voit avec des pompes).

Dans sa Chronique de 1614, Gabriel de Lurbe voit dans « la Grande Rue du Chapeau Rouge » la fontaine de Tropeyte, « la très belle et bonne fontaine du temps jadis » être « gastée et inquinée par les ordures et empeschemens que jettoient sur le canal de la desfuite de l'eau ceux qui ont des maisons sur ledit canal ».

En 1624 , les jurats passèrent un traité avec Romand , fontainier de Limoges, pour conduire les eaux de Figueyrols (https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/fontaines-de-bordeaux/fontaine-figueyreau)à la place Saint-Projet et au Chapeau-Rouge (moyennant la somme de 20,000 liv.). Car la fontaine Tropeite venait d'être perdue par suite de l'incurie (abandon/négligence) de son gardien. Ce marché fut autorisé par deux arrêts de la cour , des 28 mars et 17 avril de cette même année, mais qui n'eurent pas de suite.

En 1807 Messieurs Sicart et Bernard firent reconstruire l'angle de la rue des Piliers de Tutelle / cours du Chapeau Rouge et rue du Pont de la Mousque. Le puisard à ciel ouvert, difficile d'accès, fût transformé: Messieurs Sicart et Bernard donnèrent gratuitement à la Ville l'autorisation d'établir une pompe dans un des côté de la Maison Daurade. Elle fut donc reconstruite en 1807 par Laurent Lafaurie de Monbadon, date à laquelle elle devient souterraine.

L'année suivante, en 1808, les eaux de la fontaine d'Audège (https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/fontaines-de-bordeaux/fontaine-daudege) furent conduites à la fontaine Daurade pour l'alimenter. En 1809, l'ingénieur Bonfin établit un devis pour le rétablissement de la fontaine d'un montant de 6671 francs.

En 1871, au prétexte de nuisance (saleté, sol détrempé, plaintes des voisins) le propriétaire de la Maison Daurade, M. Martin, demanda (de très nombreuses fois) au Conseil Municipal, la restitution du "terrain" de la fontaine et la suppression de la fontaine...

Suite aux échanges insistants et nombreuses doléances du propriétaire de la Maison Daurade, et d'autre part des demandes de la Mairie pour l'entretien du canal par les riverains, l'ingénieur hydraulique de la ville: WOLFF proposa de déplacer la fontaine sur la place Saint Rémi (actuelle Place Georges de Porto-Riche). (voir plan en Annexes plus bas)

En 1874, condamnation de son accès souterrain; et 1875: Délibération du Conseil Municipal pour la suppression complète de la fontaine.

=> Cette fontaine est classée monument historique depuis le 13/01/2000, voir ici => Arrêté de protection.

(=> À ne pas confondre avec la fontaine du Château Trompette ! visible sur ce site ici: https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/fontaines-de-bordeaux/fontaine-du-chateau-trompette)


  • DESCRIPTION DE LA FONTAINE:

Le 24 février 1807, un rapport de 3 ingénieurs de l'Administration Municipale rapporte (voir document complet en bas de page):

" Nous avons observé un édifice qui a dû servir longtemps à l'une des plus belles fontaines qui aient existé à Bordeaux. Elle se trouve au pied d'une vieille et forte muraille qui faisait partie du mur dont l'ancienne ville était entourée (-les anciens remparts du castrum romain-). Elle a 12 pieds de profondeur, 9 pieds 6 pouces d'ouverture, formant une niche où l'on distingue 3 trous, lesquels étaient sans doute ceux par où passaient les cannelles. Ces cannelles versaient l'eau dans un bassin en forme de grotte qui se trouvait en partie dans l’épaisseur du mur, de sorte que l'eau traversait ce mur pour tomber immédiatement côté faubourg. Il y avait un frontispice décoré en architecture. On remarque la trace d'un front qui fut adossé au mur de la ville et des colonnes ou des bornes qui accotaient les extrémités du bassin. On remarque sur la muraille du côté du Levant (-en direction de la Garonne-) une ouverture en forme de porte où un homme peut s'introduire en se courbant. Il en sort des exhalations infectes...Cette ouverture aboutit à un grand aqueduc qui passe sous les maisons du Chapeau Rouge et qui se prolonge jusqu'à la rivière... Il est probable que cette fontaine était entièrement ouverte par le devant.

A une époque moins reculée, on construisit une grande pièce voutée destinée à servir de vestibule et conduire à couvert jusqu'au bord de la fontaine. Cette pièce a 35 pieds de longueur, 15 pieds de largeur et 16 pieds de hauteur sous la voute. Cette époque date d'environ 1600...On établit à cette époque à l'extrémité du vestibule couvert par cette voute, un réservoir de forme carrée de 6 pieds. L'eau arrivait à cet espèce de puisard par un canal de 35 pieds de longueur et nous nous souvenons tous d'y avoir vu une pompe à manivelle au moyen de laquelle l'eau de la fontaine montait pour couler par une cannelle placée au dessus du sol de la place.

Par la suite, lors des travaux, sur le terrain acheté à M. Seguineau, messieurs Sicard et Bernard enlevèrent le coops de la pompe, détruisirent la cage du puisard, découvrirent la grande voute et démolirent des parties intérieures de la pièce..."


L'accès à la fontaine s'effectue aujourd'hui par un regard bétonné sur le trottoir. Un puits vertical pourvu d'échelons mène au palier supérieur de l'escalier de descente (vers la salle voûtée de 1807) bordé d'un garde-corps métallique, et dans la paroi duquel se distingue la porte murée de l'ancien souterrain XIXème siècle supprimé en 1874.

Il n’est possible aujourd’hui que d’en voir que la trappe d’une part, et l’ancienne niche extérieure d’autre part. Divers travaux d'urbanisme, ces dernières années, ont été l'occasion de consolider l'ouvrage.

La salle d'une hauteur d'environ 5,20 mètres, couverte d'une voûte en berceau décorée d'un cartouche porte la mention " L'an 1807 ".

La pièce mesure 4,30 mètres de long sur 2,70 mètres de large. La fontaine proprement dite se trouve au pied de l'ancienne enceinte, rhabillée d'un parement sauf sur quelques assises au-dessus de l'entablement couronnant l'édicule ; elle à 3,10 mètres d'ouverture, 3,90 mètres de profondeur.

La niche, voûtée en "cul-de-four", est coiffée d'un entablement portant une plaque sur laquelle on lit : " Fontaine rénovée par LAFAURIE DE MONBADON maire de Bordeaux 1807 ". Aux 4 coins de la plaque, le monogramme de l'empereur Napoléon, " N ", est entouré de feuilles de laurier.

L'ensemble a été réalisé sur plusieurs périodes. Mais il est attesté que la voûte dans le mur d'enceinte date de 1614. La grande voûte a été construite beaucoup plus tard pour supporter le passage des charrettes.

Sur le côté Est de la fontaine, se trouve une courte galerie donnant autrefois accès à un puits en surface, aujourd'hui condamné, et le départ du canal d'évacuation. Il existait un aqueduc venant de la fontaine d'Audège , qui conduisait de l'eau à cette fontaine. Le canal de décharge de la fontaine Daurade débouche dans celui de la maison Fonfrède débouchant lui-même dans le canal principal de la fontaine d'Audège." Cependant les maisons bâties sur le canal (produisant l’obstruction par des immondices issus des "eaux usées") et la négligence du fontainier (ne fermant pas la palle et laissant ainsi pénétrer la vase de la marée dans les tubes de plomb) priva le quartier du Chapeau Rouge de cette eau.

Le parvis de la fontaine est constamment submergé par les eaux depuis les travaux en sous-sol pour la création du parc de stationnement souterrain de la place Jean-Jaurès, au cours de l'année 2002. L'écoulement rencontrerait ainsi de petites difficultés.

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(journal/la-petite-gironde/23-mai-1875)

(journal/la-petite-gironde/6-decembre-1875)

(journal/la-petite-gironde/25-decembre-1875)

(journal/la-petite-gironde/2-mars-1877)

journal/la-petite-gironde/3-aout-1921

(journal/la-petite-gironde/18-septembre-1921)

(journal/la-petite-gironde/29-mai-1927)


  • M'ENFIN !?

ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES

> On trouve noté dans "les Actes de l'Académie Sciences, Belles Lettres et Arts de Bordeaux" (1853) : La fontaine Daurade, enterrée à une profondeur de plusieurs mètres au-dessous du sol, fournit une eau de très mauvaise qualité. ☹

> Clin d’œil du récit "L'Empire des fous LA LUMIERE ET LA BOUE TOME 2" (1980) par Michel PEYRAMAURE : Un matin d'avril, Blake reçut la visite d'un personnage qui, pour lui donner rendez-vous, s'était entouré de mystère. Il se rendit au lieu indiqué : la Fontaine de Tropeyte, sous les remparts nord de la ville, au bout de la rue de l'Entre-deux-Murs : une sorte de bourbier hanté par la volaille, les porcs et les bœufs du couvent des Jacobins tout proche. 😊

  • REVUE DE PRESSE

(la-petite-gironde/18-novembre-1874)

(journal/la-petite-gironde/23-mai-1875)

(journal/la-petite-gironde/6-decembre-1875)

  • PÊCHER AU THÉÂTRE... 😊

  • "AU POIL À LA FONTAINE"... 😊










1807: Rapport de 3 ingénieurs de l'Administration Municipale suite à une visite de la Fontaine
1809: Devis par Bonfin pour le rétablissement de la Fontaine
1811: Courrier de l'ingénieur hydraulique Thiac au Maire pour l'entretien annuel de la pompe
1811: Rapport de l'ingénieur hydraulique Thiac
1834: Réparation de la pompe
1846: Courriers du propriétaire de la Maison Daurade demandant de supprimer la fontaine et récupérer le terrain
Courrier de refus de la Municipalité au propriétaire.
1847: Réparation du Canal de décharge de la fontaine Daurade
1848-1849: Recurement du ruisseau de la fontaine Daurade
1849: Courrier du propriétaire de la Maison Daurade et fin de non recevoir.
1861: Nouvelle demande insistante à la Mairie
1871: Courrier du Propriétaire de la Maison Daurade demandant la Suppression de la Fontaine
1872: Proposition de l'ingénieur hydraulique de la Ville de déplacer la fontaine sur la Place Saint Rémi
1875: Délibération du Conseil Municipal pour la suppression de la fontaine
  • Sources :
- Archives Municipales de Bordeaux de Leo Drouyn (vers 1450)- Actes de l'Académie Sciences, Belles Lettres et Arts de Bordeaux" (1853)- Monuments, Documents historiques et Bâtiments civils; rapport à M. Le Préfet du département de la Gironde, Recherches sur les Monuments historiques (1842/1843)- Le Guide ou conducteur de l'étranger à Bordeaux (1827)- DRAC Aquitaine: http://aquitaine.culture.gouv.fr/notices/428a63a462fdff899fdb6e892a274caf/- http://jpc33.free.fr/patrim/HTfontaines.htm- http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA33000024- Archives Municipales de Bordeaux Métropole(Merci à Michel CESSATEUR pour ses documents et informations)(Merci à Rosine D.)
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> Création de la page & publication: 17 Janvier 2018. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post