FONTAINE DU POISSON SALÉ
QUOI : FONTAINE DU POISSON SALÉ / fontaine du duc d’Angoulême / fontaine d’Angoulême / fontaine des herbes
QUI : Louis-Urbain-Aubert de Tourny pour la décision de création la 1ère fontaine, puis rénovée par Pierre-jean-Baptiste Thiac ingénieur hydraulique sur décision du maire le Comte de Lynch. Sous la responsabilité du maître fontainier: Joseph THIAC.
OÙ : Elle était située à l'angle de la rue du Poisson Salé et de la rue du Cahernan (actuellement rue Sainte Catherine). La rue du Poisson Salé (anciennement "ruette du Moulin de la Cadène") a disparu avec le percement du cours d'Alsace et Lorraine .
QUAND : Construite en 1739, rebâtie en 1814. Démontée lors du percement du Cours Alsace-Lorraine en 1865.
COMMENT :
> NATURE/CONSTRUCTION: En pierre et en fonte de fer, avec ornements du genre arabesque.
Alimentée par les sources d'Arlac et du Tondu.
> ÉTAT: Détruite.
COMBIEN : 1 exemplaire.
POURQUOI : Cette fontaine tire son nom du marché au Poisson salé qui se tient dans le quartier. Elle alimentait en eau le quartier de l'ancien Marché.
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CONTEXTE
Dans ce quartier s'était établi là un marché spécialisé dans le commerce du poisson séché (:harengs saurs, sardines,morues...). Le poisson salé était débarqué au pont Saint-Jean et visité par des experts. Ce poisson était mis en vente ensuite au canton des Ayres, qu'on a appelé depuis cette époque la "place du Poisson- Salé". D'où le nom du Marché, de la Fontaine et de la Rue du "Poisson Salé": originellement "ruette du Moulin de Cadène", situé sur le Peugue... Le sel à l'époque étant un moyen de conservation des aliments, mais aussi une monnaie d'échange, qui donna d'ailleurs plus tard le mot "salaire". (Et une addition "salée"...ou peut-être pas 😊)
Une carte de 1229 (voir plus bas) et les archives municipales semblent faire mention d'un puits au même endroit vers 1623...
C'est par les soins de M. de Tourny que furent construites les fontaines quai des Chartrons, à la porte des Salinières, rues Royale et des Minimes, sur la place Royale, à Saint-Christoly, au Poisson-Salé et à Sainte Colombe.
HISTORIQUE
Construite en 1739, puis rebâtie en 1814 et réédifiée sur un nouveau plan.
Il est noté dans le Viographe Bordelais : "Au devant de ce marché fut construite en 1739 une fontaine qui subsiste encore, et qu'on a rebâtie en 1814, sur un plan encore plus mesquin que l'ancien".😊
L'ingénieur hydraulique Pierre-jean-Baptiste Thiac mena les travaux de reconstruction sous le mandat du Comte de Lynch (alors maire de Bordeaux). Époque à laquelle le Comte de Lynch "donne" la ville aux anglais accompagnés du Duc d'Angoulême Louis-Antoine d’Artois (futur roi "sans couronne" Louis XIX en 1830...pendant seulement 20 minutes 😊) représentant des Bourbons trahissant sa parole de fidélité à Napoléon Bonaparte.
Le Maire de Bordeaux, voulant consacrer ce monument public à l' "heureux" retour de la dynastie auguste des Bourbons, inscrit dans son arrêté:
Article 1er: La fontaine du Poisson Salé sera reconstruite dans une forme plus agréable et d'après les plans présentés par l'ingénieur hydraulique de la ville.
Article 2: il sera posé sous la 1ère pierre une inscription gravée sur cuivre et conçue en ces termes: "En mémoire de l'allégresse publique, à la rentrée des Bourbons en France, et des témoignages de bonté que Son Altesse Royale le Duc d'Angoulême a donné à la fidèle ville de Bordeaux, sous l'administration de Monsieur le Comte de Lynch, Maire".
Le 27 avril 1814, la première pierre est posée suivant les directives, et le 9 mai Pierre-jean-Baptiste Thiac demande l'autorisation "d'y mettre l'eau afin que le public puisse en jouir avant le départ de Son Altesse Royale".
La fontaine se composait alors d'un cylindre creux en fonte de fer sur lequel sont dessinées, en faible creux, quatre niches oblongues, "chacune dotée d'un mufle de lion" qui dispense l'eau (cf ouvrage "Aqueducs et fontaines de Bernadette Lacroix-Spacenska). Le dispositif comporte également des robinets régulateurs. Le sommet de l'édicule porte un couvercle (d'environ 900 livres) donnant accès au dispositif intérieur par un système de palan. Une simple pomme de pin le décore.
Note: Dans le document de Séance publique: 1821 Par l'Académie Nationale des Sciences, Belles-Lettres et Arts (Bordeaux) , est noté qu'en 1815 "On faisait sortir l’eau par quatre jets de la bouche d’une cariatide à quatre faces."
(Alors...Cariatide / mufle de lion...? A croire dans cette région célèbre pour ses vignes, on ne buvait pas que de l'eau à l'époque 😊)
Le 14 avril 1819 on démonta les ornements de la fontaine d’Angoulême, située au Poisson salé pour en réparer la mécanique intérieure.
Cette fontaine fut endommagée dans la nuit du 6 au 7 février 1820 (voir plus bas §"M'enfin"). On entreprit les réparations la même année pour la reconstruire au même endroit. La figure de Cariatide fut remplacée par une cippe en fonte de fer, sous la mairie de M. le vicomte Alexis de Gourgue(s).
Le 25 février 1826, l'ingénieur hydraulique Durand (qui succède à Thiac), adresse un courrier au Maire (voir plus bas) pour faire percer une porte en "tôle battue" car le maniement de la partie supérieure devenait difficile et dangereux... (L'artisan Chavanton s'engagera à réaliser ces travaux conformément aux directives: voir plus bas dans la page...)
L'édifice survit à la Révolution de 1830, son utilité ayant sans doute plaidé en sa faveur. La plaque commémorative était enfouie et aucune inscription extérieure n'en venait confirmer l'existence.
L'année 1840 verra la suppression du piédestal et des marches donnant accès à la fontaine. Entourée désormais d'un simple trottoir, elle continuera son œuvre jusqu'à sa destruction en 1860, liée au percement du cours d'Alsace-Lorraine.
L'intérêt de ce petit édicule, en dehors d'une connotation historique certaine, issue de sa dédicace, réside dans le fait qu'il constitue la première fontaine en fonte de fer installée à Bordeaux, et peut-être en France. Ceci est à souligner lorsqu'on connaît l'avenir prometteur échu à ce matériau.
Cette aquarelle de Jaudouin est la seule image disponible de cette fontaine, elle est assortie de la vignette suivante: "Cette fontaine était très fréquentée, il fallait attendre son tour. En arrivant on demandait à haute voix:« Après qui?» Et chacun passait à son tour, qui était quelquefois d'une demi-heure ou une heure parce que dans les temps de sécheresse, ce n'est qu'un filet d'eau qu'elle donnait..."
Percement du cours d'Alsace et Lorraine à Bordeaux " par Pierre-Émile Bernède
Démolition de la rue du Peugue 1869 (Léo DROUYN) aujourd'hui le cours Alsace-Lorraine
M'ENFIN !?
ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES
On peut retrouver note dans un ouvrage, des récits suivants:
> 7 février 1820: La nuit dernière, on a cassé tous les bancs en pierre de la place Dauphine (actuelle place Gambetta) et renversé la fontaine du Poisson Salé. On attribue ces destructions aux tailleurs de pierres qui ont été renvoyés de l’atelier du pont, à cause des excès commis sur la personne de plusieurs de leurs camarades. ☹
> Au reste, cette fontaine du Poisson Salé, reconstruite il y a 4 ans en l’honneur du duc d’Angoulême, était un chef d’œuvre de mauvais goût, laissant perdre beaucoup d’eau et arrosant les personnes qui venaient en chercher parce qu’elle tombait de trop haut. ☹
DOCUMENTS D'ARCHIVES
- Sources:
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> Création de la page & publication: 19 Juin 2017. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post